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Alexandra Huriez

je vous présente une petite nouvelle qui se déroule à Aurillac et notamment à la médiathèque. Cette nouvelle au style fantastique a été écrite par mes soins, j'espère qu'elle vous plaira, bonne lecture à vous !

La médiathèque d'Aurillac

   Samedi matin, un de ces samedis qui se ressemblent tous, je viens de lire pour la énième fois le même livre pourtant j'ai toujours la même impression, celle de voyager à travers celui-ci dans mon inconscient. Je me décide finalement à quitter mon bureau la tête encore pleine de rêveries et je croise Eliot sur mon chemin, comme s'il savait tout ce qui me passe par la tête, il me sourit et balbutie quelques mots : « Emma, tu veux... Enfin, est-ce que... Tu... Un café ? Â» Et je hoche la tête pour acquiescer. A l'entrée de la médiathèque il y a un petit coin où l'on prend souvent nos cafés, Eliot et moi. Il prend alors la parole et bredouille quelques mots : « Tu es libre ce soir ? Â» Je n'ai à peine le temps de comprendre sa question que son regard me fixe avec insistance pour connaître ma réponse, alors je souris avant de prononcer quelques mots : Â« A 20 heures devant chez moi ? Â» Et son regard s'illumine, ses yeux brillent, puis il serre son poing comme pour fêter sa victoire. Puis je me retourne pour rejoindre mon bureau d'un pas sûr où je travaille jusqu'à l'heure de la fermeture. Lorsque celle-ci est arrivée, je prends mes affaires et je pars après avoir fermé la porte de mon bureau, c'est alors qu'Eliot me saisit par le bras avant de prononcer : Â« A tout à l'heure Emma Â». Une fois à l'appartement, je jette mes affaires sur le canapé et détache mes cheveux pour noyer mon corps sous une douche brulante alors que mon esprit est encore plongé dans le livre. Au bout d'une petite heure je me décide à sortir de la douche pour choisir les vêtements que je vais mettre ce soir, je fixe mon reflet dans le miroir : « La robe noir ? La rouge ? Â» Et je fais défiler toute ma garde robe avant de la jeter désespérément sur mon lit comme une adolescente qui choisit sa tenue pour son premier rendez-vous. Je finis par prendre une décision, je revêtis ma robe pourpre et sèche mes cheveux humides qui ondulent tout le long de mon dos, je retourne dans ma salle de bain où l'humidité est encore présente sur le miroir, et saisis mon maquillage pour me redonner une mine correcte. La sonnerie retentit dans tout l'appartement, c'est Eliot, il est 20 heures. Nous prenons la direction du restaurant Le Canotier, Eliot passe devant moi et m'ouvre la porte puis il bégaye : « Tu es... magni...fique Emma Â» Je rougis. Le serveur nous indique une table en souriant et nous y prenons place, Eliot tire ma chaise afin que je puisse m'assoir et caresse mon épaule dénudée par accident, mon corps frissonne. La soirée se déroule parfaitement, nous rions aux éclats tout le long de celle-ci et Eliot paye l'addition en refusant que je participe. Lorsqu'on sort du restaurant la nuit est déjà tombée, Eliot enlève sa veste et la pose sur mes épaules, et ses mains les effleurent à nouveau, les frissons parcourent mon corps entier avec la même intensité que la première fois et je rougis. Eliot m'accompagne jusqu'en bas de mon immeuble et me souhaite bonne nuit, je lui tourne le dos, puis il saisit mon bras, et m'embrasse la joue, je me retourne et lui dis en le fixant du regard : « Merci pour cette soirée, à demain Â». Une fois rentrée à l'appartement, je pose mes mains sur ma tête et m'interroge : Â« Pourquoi ne l'ai-je pas embrassé ? Â» et me jette sur le canapé après m'être mise en pyjama et regarde Titanic. Le lendemain matin la sonnerie de mon téléphone me tire de mon sommeil, c'est Eliot. J'entrouvre les yeux et le déverrouille pour répondre à son appel. Lorsqu'il m'annonce la nouvelle, je cours en vitesse m'habiller et attache mes cheveux en chignon et il est déjà en bas de l'immeuble lorsque rapidement je descends les escaliers en manquant de trébucher. Le sourire aux lèvres, il me dit : Â« Dépêche-toi, c'est dans la rue d'à côté Â» je le regarde d'un air interrogateur et il me dit : Â« Il faut absolument que tu vois ça Â». Nous traversons la rue à toute vitesse puis Eliot prend ma main et m'attire à l’intérieur d'une petite boutique d’antiquaire, la petite sonnette retentit dans toute la boutique et une dame âgée nous souhaite la bienvenue, elle n'a même pas le temps de prononcer sa phrase en entière qu'Eliot l'a coupe et lui dit : Â« Vous vous souvenez de moi ? Je suis venu hier soir, est-ce que vous avez encore le livre dont vous m'avez parlé ? Â» La dame le fixe d'un air interrogateur et lui désigne le livre, Eliot le saisit et l'ouvre, mais la dame s'avance vers lui et lui prend le bras avant qu'il n'ait le temps d'ouvrir le livre, elle le fixe du regard et lui dit « Ne l'ouvrez pas Â» Eliot se décompose, comme si l'on venait de le gronder et l'interroge du regard, elle répond alors d'un ton autoritaire: Â« Vous feriez mieux de rester à distance de cet ouvrage Â». Eliot s'avance vers elle et lui murmure quelque chose à l'oreille, mais je ne réussis pas à distinguer exactement ce qu'il lui dit, le bruit de la sonnette retentit à nouveau à ce moment exact et une fillette entre. La dame emballe le livre et le donne à Eliot tout en souhaitant la bienvenue à la nouvelle cliente. Nous sortons de la boutique, et Eliot me tend le livre et sourit, je le regarde droit dans les yeux et lui dit : « Pourquoi tu voulais absolument ce livre ? Â» Et il répond brièvement : Â« Prend-le Â» Puis il montre du doigt un café : Â« Je t'invite Â». Nous déjeunons ensemble et allons nous balader au square durant plusieurs heures. Puis la pluie s'abat sur nous, alors nous courons comme deux jeunes adolescents jusqu'à l'entrée de son immeuble, il ouvre la porte et nous rentrons dans son appartement. Il parcourt le salon et entre dans une autre pièce et j'attends au milieu du salon, il revient et me tend une serviette et je me sèche les cheveux. Eliot après s'être séché me dit : Â« Café ? Â» et j’acquiesce. Nous buvons un café sur son canapé.

Lorsque je déverrouille mon téléphone il est déjà 17heures, Eliot me propose de me ramener alors nous faisons la route ensemble. Une fois devant l'immeuble il m'embrasse la joue, et me donne le livre et dit «Je sais qu'il te plaira » Lorsque je passe la porte de mon appartement je rentre directement dans ma douche, et laisse couler l'eau brulante pour me réchauffer en me demandant ce qu'il voulait dire exactement dans «Je sais qu'il te plaira » et après m'être lavée je me pose sur le canapé. J'entrouvre le livre et les pages s’effacent, alors je continue de les tourner, mais elles sont vierges. Je pose le livre sur la table et pars me faire un thé, mais un bruit sourd retentit dans l'appartement, alors je retourne sur le canapé et vois le livre ouvert à la première page. Une lumière m'aveugle soudainement, et je me retrouve dans un monde parallèle, entièrement vide. Je sens des frissons traverser tout mon corps, la peur, alors mon imagination prend le dessus et je vois le vide se transformer. Tout devient paysage africain. Tout un coup mon téléphone sonne, et m'extirpe de ma rêverie, c'est Eliot. Sa voix résonne à travers celui-ci : Â« Emma, ça va ? Â» Et je réponds d'une voix essoufflée : « Oui, Eliot, mais il m'est arrivé quelque chose d’extraordinaire Â» Et nous discutons pendant une vingtaine de minutes avant qu'il me dise : Â« Tu me raconteras la suite demain, bonne soirée Â» Puis il raccroche et je comprends enfin pourquoi Eliot a voulu que ce livre soit à moi, il a compris tout ce qu'il se passait à l'intérieur de moi et par le biais de ce livre, il me le fait comprendre. La première page qui était vierge vient de se remplir, et je replonge à nouveau dans ce monde parallèle. L'imaginaire m'entoure à nouveau et je visite ce paysage tant convoité, j'ai l'impression de n'avoir rien vécu auparavant, ma vie commence enfin. Ce livre me rappelle l'histoire que je lis constamment, et je me rends compte qu'Eliot sait tout de moi. Je marche sur plusieurs mètres et arrive à la limite de ce monde fantastique, le vide réapparaît et je m'éloigne tout d'un coup de ce monde, le vide m'entoure et ce paysage merveilleux n'existe plus, je me retourne mais tout noircit autour de moi, il n'y a plus rien. Tout d'un coup, l'air se raréfie, je sens mon souffle s'entre-couper, l'air ne parvient plus jusqu'à mes poumons, je ne vois plus rien. Le noir qui m'entoure est oppressant, je sens de l'eau à mes pieds, celle-ci monte jusqu'à mes chevilles et parvient bientôt jusqu'à ma nuque, l'eau m'engloutit soudainement.

 

   Je me réveille en sursaut, il est déjà 8 heures du matin, je mets à chauffer mon café, et passe mes mains dans mes cheveux et asperge mon visage d'eau. Je prends mon café et enfile un jean, une chemise et un pull et descends les escaliers de l'immeuble. Lorsque j'arrive à l'entrée de la médiathèque Emma n'est toujours pas là, elle qui est toujours à l'heure.

J'entre dans l'enceinte de l'établissement, et cherche dans tout les recoins de celui-ci, Emma n'est pas là. Je sors mon téléphone de ma poche, et l'appelle, elle ne répond pas. A la pause déjeuner je me décide à retourner dans le magasin d'antiquaire où la dame accourt vers moi et me dit : Â« Où est-elle ? Â» Ce à quoi je réponds : Â« Elle n'est pas là, enfin, je ne sais pas où est-ce qu'elle est Â» Son visage se décompose et je lis facilement la peur à travers celui-ci et je lui dis alors : Â« Qu'est-ce qu'il y a ? Â» Et elle me répond d'un ton empli de tristesse : Â« J'ai peur que vous ne la revoyez plus Â». J'agrippe ses épaules et lui dis d'un ton sec : Â« Où est-elle ? Â». Après plusieurs minutes d'explications assez complexes, je comprends. Je cours jusqu'à son appartement, et entre dans son immeuble, je monte les marches de deux en deux en manquant de trébucher plusieurs fois. Lorsque j'arrive devant la porte de son appartement, je sonne plusieurs fois et me décide à enfoncer sa porte, j'entre dans son appartement et vois le livre posé sur la table du salon, et son téléphone à côté. Je lis les premières pages du livre, ma peur se confirme, Emma n'est plus ici, plus de ce monde plus précisément comme m'avait expliqué la femme. Je prends le stylo au dos du livre, et gribouille quelques mots sur celui-ci puis j’efface tout ce qu'il y a d'écrit et j'écris « Emma, reviens. Â» Une lumière éblouissante apparaît, Emma est là.

 

   La lumière m'aspire, tout disparait autour de moi, le vide est à nouveau là et je me retrouve tout d'un coup dans mon salon. Je vois la veste d'Eliot posée sur mon canapé. Je regarde le livre et il porte son prénom, je comprends soudainement ce qu'il vient de se passer. Je prends un manteau et cours jusqu'à la boutique où nous avions été, j'ouvre la porte brusquement et la dame âgée prend le livre dans mes mains et l'ouvre a la première page, et dit « Ce livre est extraordinaire mais il ne faut pas laisser son esprit se laisser dépasser Â» Et elle m'explique plus clairement : Â« Ce livre aux propriétés magiques permet d’être transporté dans l'endroit de notre choix seulement il est très difficile de maitriser son pouvoir car si votre esprit se laisse dépasser par l'endroit où il se trouve il peut se perdre et ne pas pouvoir ressortir sans l'aide d'une personne extérieure à l'histoire » Et au cours de son explication je sens les larmes couler sur ma joue mais elle me murmure à l'oreille : Â« Vous pourrez le revoir Â» alors je quitte la boutique en courant et pars en direction de l'appartement mais elle me rattrape par le bras et m'explique : Â« Vous n'auriez jamais pu vous libérer du livre sans l'intervention de votre ami, vous ne pourrez y retourner seule tant que vous ne maitrisez pas son pouvoir Â» Je repars dans la direction de mon appartement et lorsque j’atteins enfin mon immeuble je monte les escaliers en vitesse et j'entre dans celui-ci puis j'ouvre le livre malgré les contre-indications données par la femme âgée et la lumière réapparaît, le vide m'entoure à nouveau, je crie : Â« Eliot ! Eliot ! Â» Je sens sa main sur mon épaule, je me retourne et mes larmes coulent, il m'embrasse et me dit : Â« Jamais je ne te laisserai Â».

 

Emma a placé le livre dans une des étagères de la médiathèque d'Aurillac, il est à porté de main.

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