top of page

Ella Piganiol

   J'ai rédigé une nouvelle dont l'action se déroule à Aurillac. Elle parle notamment de ses célèbres parapluies fabriqués dans la ville depuis 1884 ! J'espère que vous prendrez plaisir à lire ces quelques lignes.





L’agent Flower déboula le long de la rue des Carmes, son assistant à ses trousses.

«M. Flower! Êtes-vous sûr qu’il soit judicieux de bousculer les passants alors que nous sommes censés être discrets ? En plus vous portez un manteau en fourrure énorme, c’est l’idéal pour se faire remarquer ! murmura le jeune homme qui avait été forcé à revêtir un ciré jaune vernis.

-Tais-toi donc crapule ! Il faut que tu apprennes les bases avant de faire des critiques désagréables ! Laisse-moi te dire une chose : se faire remarquer est le meilleur moyen d’être discret ! fit l’homme d’âge moyen en se penchant vers l’oreille de son assistant.

-Ce que vous dites n’a aucun sens !

-Pauvre âme ! Â»

Le duo coloré s’engouffra dans la librairie.

« Pourquoi on est là ? Interrogea le plus jeune en balayant la boutique du regard.

-Tu veux dire « Pourquoi sommes-nous ici ? Â». Eh bien mon mignon nous sommes ici afin de nous documenter sur cette ville. En effet, avant toute enquête, il faut se renseigner sur notre milieu. Â»

Le détective s’affaira dans la boutique, n’hésitant pas à déloger des livres de leurs étagères et à les lancer sur le sol quand il n’en était pas satisfait. Son assistant le regarda avec horreur jusqu’à ce qu’ â€˜il se prenne un roman dans la face, il alla alors voir ailleurs dans la librairie tout en gardant un Å“il sur son acolyte.

Quelques secondes plus tard, une vendeuse s’approcha timidement de l’agent Flower pour lui demander s’il avait besoin d’aide. Il tourna brusquement sa tête vers elle, retira furtivement ses lunettes de soleil immenses pour révéler des yeux verts pleins d’agacement et hurla « VOUS ME GENEZ MISERABLE CREATURE Â» à son interlocutrice qui écarquilla les yeux et battit en retraite.

 

Au bout d’une trentaine de minutes, l’homme s’exclama « VICTOIRE ! Â» et passa en caisse. Pendant ce temps, le jeune homme s’était assis dans un coin et avait lu un ouvrage fascinant sur les 1001 façons de décorer ses cupcakes. « Ma petite chouquette au fromage ! Nous y allons ! Â»

Il leva de suite le regard, il n’y avait que son maître pour inventer un surnom aussi ridicule.

Ils sortirent de la librairie et se dirigèrent vers le centre-ville puis ils choisirent la brasserie de l’Abside, accolée à l’église de Notre-Dame-des-Neiges pour aller boire un café. Alors qu’ils attendaient leur commande, Edouard commença : « Monsieur, j’aimerais que vous m’expliquiez plus clairement la situation. Quelle affaire nous amène ici, à Aurillac, alors que c’est une ville si paisible ?

-Mon petit, fit le détective en regardant son assistant par-dessus ses lunettes, je ne vais pas tout te dévoiler d’une traite alors que nous ne nous connaissons que depuis deux mois. Tu dois te former à découvrir par toi-même.

-Je ne peux pas vous suivre dans cette enquête sans savoir de quoi il en retourne ! S’indigna le plus jeune.

L’autre sembla cogiter quelques instants et reprit : « Très bien mon poulet en sucre, je vais tout t’expliquer : une dame de 41 ans est morte il y a quelques mois d’un arrêt cardiaque. Â»

Il s’arrêta là. Edouard le regarda d’un air interrogateur mais l’agent préféra fixer la route au dehors. La serveuse apporta leurs boissons. L'assistant se demandait toujours si son interlocuteur allait lui répondre. Après 15 minutes de silence, le détective continua : Â« Le problème, c’est que son mari ne croit pas un mot de cette histoire d’arrêt cardiaque. Nous allons devoir enquêter pour savoir ce qu’il en est. Â»

Pierre acquiesça et ils sortirent. Ils marchèrent jusqu’à l’hôtel de ville et entrèrent dans une pharmacie. La vendeuse écarquilla les yeux à leur vue et articula un « Bonjour Â» presque inaudible.

« Bien le bonjour jolie demoiselle, lança l’agent Flower, je voulais savoir si cette pharmacie possédait un coffre fort contenant quelque poison mortel. Â»

La femme parut décontenancée et appela sa patronne qui vint immédiatement. Elles chuchotèrent toutes les deux puis la patronne prit la parole et dit :

« Nous en avons en magasin mais nous ne pouvons pas vous en procurer. 

-Très bien, au revoir madame. Â»

Ils quittèrent l’endroit. L’agent se tourna vers son assistant :

« Que déduis-tu de notre petite aventure ma pastèque au caramel ?

-L’hypothèse de l’empoisonnement est plausible ?

-Splendide mon mignon ! Tu apprends vite ! S’exclama-t-il. Â»

Une averse s’abattit sur la ville après quelques minutes, les deux hommes décidèrent alors d’acheter un parapluie dans une des boutiques environnantes. Ils allèrent au magasin Piganiol®.

« Vos parapluies sont splendides madame ! Â» fit le détective tout en dépliant l’un d’eux, manquant de crever l’œil de son assistant avec une des baleines.

«Aurillac est la capitale européenne du parapluie après tout ! Â» dit la vendeuse avec fierté.

L’agent Flower la regarda de haut en bas avec dédain puis examina l’objet sous toutes ses coutures. Il le ferma, l’ouvra, le referma, le secoua, le lança, le ramassa, le tâta, l’empoigna et piqua la jambe de son acolyte avec l’embout. Le jeune homme laissa échapper un grognement. La vendeuse intervint :

« Vous le prenez alors ? Â» demanda-t-elle.

« La pluie s’est arrêtée ! Je n’en ai plus besoin ! Au revoir très chère ! Â»

Ainsi ils partirent pour la plus grande exaspération de la pauvre femme.

« Nous rentrons à l’hôtel maintenant mon caneton, j’ai eu toutes les informations dont j’ai besoin. Â» déclara le plus vieux. Son assistant le suivit.

Une fois arrivés dans leur chambre, le détective alla passer un coup de téléphone et enfin ils s’allongèrent sur leurs lits respectifs.

« Edouard ?

-Oui ?

-Qu’est-ce que tu penses de la liberté ? Â»

Le jeune homme soupira et fixa le plafond.

« Tu t’en fiches. C’est ça ? Â» Supposa l’autre. Edouard ne répondit pas, il en avait sa claque des questions de ce genre.

L’agent se leva et s’assit sur le bord de son lit.

« Dans ce cas-là, ça ne te gêne pas si tu te fais incarcérer le temps d’une vie ? Parce que je viens d’appeler la police pour te dénoncer pour le meurtre de la femme de 41 ans dont nous parlions au café tout à l’heure, ils arrivent dans 10 minutes je pense. Â» Susurra-t-il.

L’accusé esquissa un énorme sourire.

« Vous êtes très intelligent.» ricana-t-il.

« Je ne pourrais pas en dire autant de toi mon choux à la moutarde, tu as laissé quelques indices çà et là ces deux derniers mois. 

-Vraiment ? Lequel vous a le plus marqué ?

-Le fait que tu sois un tueur à gages assez célèbre a bien aidé. Ta teinture et ton maquillage ne m’ont pas empêché de te reconnaître monsieur Sting. Ta technique a été très originale par contre, c’est ça que j’ai eu le plus de mal à trouver.

-Alors ? Vous savez?

-Parapluie bulgare ! Ou plutôt aurillacois… Tu as inséré un dispositif dans un de ces parapluies puis tu as injecté le poison dans le corps de la femme en faisant semblant de la bousculer. Tu trouves toujours quelque chose de plus élaboré. C’est pour ça que je t’adore. Â»

Le tueur se leva et planta son regard dans celui de son assistant :

« Je vous adore aussi agent Flower. Ces deux derniers mois avec vous ont été un délice. Â» Il prit sa valise et se dirigea vers la porte.

Il se tourna vers lui en haussant les sourcils « Vous ne m’arrêtez pas ?

-La police est censée faire son boulot à partir de là.

-Au revoir agent Flower ! Â»

Les parapluies d'Aurillac

bottom of page